Charlie Brown
Sujet du message: Re: Londres -
Eventim Apollo -
18 octobre 2016 Posté: Sam Oct 22, 2016 1:30 am |
London, England Tuesday, 18th October, 2016
Temps frais, petit vent désagréable s'estompant au fil des heures, ciel nuageux tendant à s'éclaircir et à laisser place à quelques trouées de soleil à partir de midi.
Après être allé visiter une excellente exposition au Victoria & Albert Museum (You Say You Want a Revolution? Records and Rebels 1966-1970. Faudra que je vous en cause, un de ces quatre…), avoir fait une pause casse-croûte au Bunch of Grapes, un pub sur Brompton Road, entre le susnommé V&A et Harrods (célèbre grand magasin "select" dans lequel nous n'avons pas manqué, après le repas, d'aller traîner nos guêtres, qui faisaient un peu tâche dans le décor, il faut bien l'avouer…), et une petite balade digestive (la bière et le burger, ça cale un coin, mais c'est rien lourd…) le long de la Serpentine dans Hyde Park, nous nous sommes nonchalamment dirigés, ma meuf et moi, vers Hammersmith, après avoir héler un double-decker bus flambant neuf (et rouge, comme il se doit) de la ligne 10, celle qui relie King's Cross – Saint-Pancras à Hammersmith Station, justement, à l'étage duquel nous nous sommes installés, tout devant, pour profiter de la vue, à travers les rues de cette capitale que je ne me lasse jamais de contempler.
L'ex-Hammersmith Odeon, devenue Hammersmith Apollo et actuellement nommée Eventim Apollo (c'est moche !), salle mythique s'il en est, datant des années 30 et qui a vu défiler tout le gratin du rock anglo-américain depuis les années 60, est située à deux pas de la grande station de métro et de bus, dans un quartier beaucoup moins classe que le Kensington-Chelsea-Knightsbridge que nous venions de quitter… Après avoir échangé au guichet du théâtre nos billets achetés en France contre des billets locaux, nous sommes allés faire un tour dans le quartier avant d'échouer au Swan, un pub assez chic, pour le coup (un peu trop, à mon goût), proche de la salle de concert.
A 6.15 pm, nous étions devant les portes qui devaient ouvrir au public à 7.00 pm pour un concert devant commencer à 8.00 pm. En théorie… Parce qu'en pratique, ce fut légèrement plus compliqué. Au début, peu de monde devant les portes. Ambiance détendue, sourires, photographies devant l'affiche apparaissant en alternance sur un écran de taille genre… abribus !... ou devant la salle au fronton de laquelle se détachait en lettres rouges sur fond blanc, posées à la main, à l'ancienne, le nom de l'artiste du soir : Renaud. Oui, de l'extérieur, l'Hammersmith Odeon, ça paye pas de mine, ça fait même un peu cheap. En revanche, à l'intérieur, c'est plutôt classe. Ouverture de la salle à 7 heures, comme prévu. Faut vous imaginer le tableau. Le hall est immense. Le bar à l'anglaise, au fond du hall, est immense aussi. Aux deux extrémités, des escaliers menant à l'étage, dans une salle d'attente s'étalant sur toute la longueur du hall. Moquette, banquettes en velours vert courant le long de l'ouverture centrale donnant sur ce même hall. C'est pas dégueu. Ambiance feutrée et toujours détendue.
Et puis, une pointe d'inquiétude. Les portes de la salle restent closes.
"Ladies and gentlemen, your artist is on his way… little troubles… the concert will start a little bit late… We apologize for the inconvenience…" Des trucs comme ça… Ah, merde… Le phénix se serait-il à nouveau consumé ?... Le renard aurait-il repointé le bout de son nez dans quelque pub londonien ?... Angoisse...
Et puis, quelques précisions : "The Eurostar had some problems… but your artist is on his way…"
Tout ça une heure durant, à peu près. Viendra, viendra pas ?... Inquiétude, voire désespoir latent. Mais le public reste zen, toujours détendu, dans l'ensemble.
Il est 8 heures, les portes de la salle s'ouvrent enfin mais elle ne se remplit que timidement, le gros de la troupe restant dans le hall, au bar, ou dans la salle d'attente, à l'affût de "breaking news". Nous, on s'en fout, on entre.
La salle est belle. Sièges tendus de velours vert, accoudoirs en bois. Fort agréable. Même quand on a quelqu'un devant, on voit bien la scène. Elle est prête, tout le matériel est en place. Nous sommes au balcon, dans les premiers rangs. Je pensais que la salle serait en configuration fosse, mais non. Toutes les places sont places assises ! Cela dit, les assis ne le resteront pas longtemps...
8 heures et demi. Toujours pas de Renaud. La salle est au trois-quarts vide. 9 heures moins le quart. On annonce que l'artiste vient d'arriver. La salle se remplit d'un coup (mais elle n'est pas totalement pleine, le second balcon, tout en haut, est vide. Peu importe, en fait. On est déjà bien assez nombreux, et j'en suis presque étonné). 9 heures tapantes, les musiciens entrent en scène, le noir se fait et… il est bel et bien là ! Et il pète la forme ! Show Time !
Après un Toujours debout qui met bien la patate malgré une voix pas très assurée, il nous explique le topo. Partis de Paname en Eurostar pour être en début d'après-midi à Londres, il se sont retrouvés coincés à Calais pendant 6 heures, à cause de caténaires volés, détériorés, ou un truc du genre. Résultat, ils ont mis 9 heures au lieu de 2h15, pour venir de Paris ! Ils ont fait ce qu'ils ont pu pour être là quand même. Ils n'ont pas mangé, pas répété, pas fait les balances et ont filé directement de leur moyen de transport jusqu'à la scène avec une heure de retard, donc. Rock 'n' Roll !
Et là, il convient de saluer, du coup, le travail impeccable du staff technique de Renaud et de l'équipe technique anglaise de l'Hammersmith Odeon, parce que le son était impeccable, réglé à la perfection ! J'avais jamais assisté à un concert de Renaud dans de telles conditions, avec une telle qualité sonore ! Cette salle est à la hauteur de sa réputation !
Résultat : pas de Gauvin Sers (prévu au programme) en première partie, et un concert raccourci, amputé d'une demi-douzaine de titres, visiblement, histoire de ne pas terminer trop tard, de terminer dans les temps, soit aux alentours de 23 heures. Du coup, 2 heures de concert seulement, grand max, mais 2 heures intenses, plus ramassées, avec un choix de titres plus pêchus (les titres ayant été écartés faisant pour la plupart partie des temps "mous" du répertoire).
Je sais pas si c'était dû au stress de cette longue journée qui a failli se transformer en fiasco, et qu'il a pu se libérer de tout ça sur scène, mais j'ai trouvé Renaud très en forme, ce soir-là ! Après l'ovation de la salle qui l'a accueilli, et après nous avoir expliqué son périple de la journée, il s'est même permis une petite pique amusante sur le Brexit ("La prochaine fois que j'irai chanter à l'étranger, ce sera en Europe !"), avant de nous expliquer qu'il adorait Londres, qu'il y avait vécu 3 ans (à Battersea), et qu'il était très ému de l'accueil qu'on lui avait réservé (faut dire qu'une heure d'attente supplémentaire sans savoir si le concert allait avoir lieu ou pas, ça met un public dans certaines dispositions, plus à même de se libérer après la bonne nouvelle). Puis, il a dit qu'il n'avait pas l'habitude de chanter devant une fosse assise, que ça faisait bizarre, mais que c'était chouette quand même. Cela dit, avant la moitié du concert (au max à partir de Dans mon H.L.M.), à chaque chanson pêchue, la salle était debout (surtout la fosse). Elle ne se rasseyait parfois que pour les chansons plus douces, plus intimistes. Elle restait debout durant tout le rappel (faut dire que c'est fait pour… C'est mon dernier bal (quasiment en entier), ça le fait bien, quand même !)
Bon, il a merdé sur une chanson (il s'est d'ailleurs donné une baffe pour ce cafouillage, ce qui m'a fait marrer) et il a complètement foiré sa sortie sur Fatigué (toujours à contretemps et à la ramasse, malgré l'effort des musicos pour rattraper le truc), mais pour le reste, c'était d'un bon niveau (en tout cas, je n'en attendais pas tant !) et, vraiment, je l'ai trouvé plutôt en forme. Paradoxalement, ou contrairement à ce que j'attendais, je l'ai surtout trouvé très à l'aise et très juste sur toutes les chansons pêchues, et plus à la peine sur les chansons plus lentes.
Les musiciens, quant à eux, sont au top ! Et, franchement, les arrangements de Michaël Ohayon, c'est la classe ! Musicalement, je ne m'étais pas autant régalé à un concert de Renaud depuis… 1995 ! (Certes, je n'étais pas à la Cigale en 2007, mais bon…). Et j'ai pas du tout trouvé qu'Ohayon en faisait des caisses ou se mettait en avant. Bien au contraire. J'ai trouvé que tout ce qu'il faisait (et ne faisait pas) servait sobrement et impeccablement Renaud, comme l'ensemble de cette formation, d'ailleurs.
Bref, ce concert londonien aura sûrement été le plus court de la tournée, mais sûrement pas le moins intense ni le moins intéressant.
Je m'étais dit que si le concert était mauvais, je n'aurais pas tout perdu puisque ça m'aura donné l'occasion de retourner à Londres. Et finalement, je ne regrette rien. Mais alors, rien du tout !
Quelque part, j'ai envie de remercier Renaud pour ce qu'il a fait. Ne pas baisser les bras, ne pas annuler le concert, le faire à l'arrache mais avec du cœur, avec l'envie de bien faire… Car oui, on voyait qu'il avait envie de le donner, ce concert, qu'il était content d'être là ! Et ça, ça faisait rudement plaisir à voir !
Si certains voient cette tournée comme une tournée d'adieu, un chant du cygne (ce qu'elle sera peut-être, je n'en sais rien…), avec un répertoire axé sur ses 20 premières années de chanson (dont une majorité sur les 10 premières !) et un choix de titres pour lequel je n'aurais que peu de choses à redire, moi qui ne savais pas trop à quoi m'attendre (lui non plus d'ailleurs, j'ai l'impression), je l'ai plutôt vécu comme une renaissance scénique, et ça m'a bien fait plaisir.
Setlist de Londres (si mes souvenirs sont bons… Y'a peut-être des chansons pas à leur place…) :
1. Toujours Debout
2. Docteur Renaud,
Mister Renard
3. En cloque
4. La Pêche à la ligne
5. Marche à l'ombre
6. Les Mots
7. Etudiant poil aux dents
8. J'ai embrassé un flic
9. Déserteur
10. La Médaille 11. A la téloche |
12. Dans mon HLM
13. Morts les enfants
14. Manhattan-Kaboul
15. La Ballade Nord-Irlandaise
16. Morgane de toi
17. 500 connards sur la ligne de départ
18. Son bleu
19. Germaine
20. Dès que le vent soufflera
21. Mistral gagnant
22. La Vie est moche et c'est trop court |
Rappel : 23. Marchand de cailloux 24. Chanson pour Pierrot - Hexagone – Laisse béton – C'est mon dernier bal (quasiment en entier, en fait) - Miss Maggie – La Mère à Titi – Fatigué (quasiment en entier aussi |
(En gros, si j'ai bien tout suivi (j'ai regardé la setlist des derniers concerts de Paris), pour ce concert raccourci, il a sacrifié Héloïse, Hyper Cacher, Ta batterie, Manu, Baltique, et Pochtron !
P.S. : faudrait dire aux concepteurs des projections scéniques que, si c'est techniquement possible, il faut absolument corriger une impardonnable coquille qui s'est glissée dans un vers sur la projection du titre Les Mots (ce qui est le comble !) et qui fait mal aux yeux : prière de remplacer au plus vite le "plus prêt des anges que des angoisses" par un correct "plus près des anges que des angoisses". Merci.