↑  Le chanteur à la voix fatiguée a tenu la distance sur près de deux heures de concert. ©
Pierre-Alex Barcoïsbide

 

                       Premier passage de Renaud à Pau pour son Phénix tour, mardi soir.(22.11.2016)

                       La voix a morflé  mais le public s’en fiche

Quel chanteur pourrait risquer de se présenter devant le public avec une voix si écorchée, si estropiée? Johnny ? Aznavour ? Sardou peut-être. Guère plus.

 

Cette question, le public du zénith de Pau se l'est surement posée mardi soir à l'entame du concert de Renaud. Ce "Phénix tour", tout en autodérision, a le mérite de replonger les spectateurs dans leurs souvenirs mais les expose aussi à une cruelle mise à jour. Si on fermait les yeux, si ce n'était pas Renaud lui-même, on crierait naturellement à l'odieuse reprise.

 ↑ Le Phénix tour de Renaud passait par Pau mardi soir.© Photo Pierre-Alex Barcoïsbide

 

Le tour de chant commence par le tube "Toujours vivant". Rien n'est dissimulé, le roi de la pop française est nu, à poil.

 

Le public est immédiatement confronté à ces râles qui accompagnent toutes les voyelles un peu poussées. La voix est encore sèche et le timbre s'adoucira à mesure que le généreux concert avancera.

 

                    Incroyable communion

 

Toujours vivant, toujours debout ? "Retapé, requinqué, il faut le dire vite", concède Renaud dès la fin de cette première chanson. Il invoque un rhume doublé d'une bronchite mais on reconnaît le grondement des premiers extraits entendus il y a quelque mois. "Vous vous en foutez, vous n'êtes pas venu pour ma voix ? Vous n'êtes pas là pour écouter Pavarotti ou Céline Dion ?". Tonnerre de "Non".

↑  Bandanas rouge et gavroches au premier rang, les fans ont répondu présent.© Photo Pierre-Alex Barcoïsbide

 

Le public est venu retrouver "son" Renaud et l'incroyable communion du phénix avec la salle fait de ce concert un beau moment. Les belles balades du dernier album ou les classiques "Manu", "Pierrot" ou "Mistral gagnant" souffrent forcément des éclats. Mais quand le verbe chahuté s'estompe derrière les orchestrations solides et le chœur des 5000 spectateurs du zénith, on se croirait revenu à la tournée Paris-Province de 1995.

↑ Comme à son habitude, Renaud a multiplié les traits d'humour et les échanges avec la salle© Photo Pierre-Alex Barcoïsbide

 

On redécouvre même l'incontournable "Dès que le vent soufflera". Avec la voix du vieux loup de mer ressorti du fond de cale, le "tintintin" est plus tonitruant que jamais. Comme dans les romans dont vous êtes le héros, le public reprend tout en chœur. Il supplée Axelle Red sur "Manhattan Kaboul", il fait les refrains de "Marche à l'ombre", "Morgane de toi", "Dans mon HLM"... " La Ballade nord-irlandaise" résonne comme au Hameau. La salle savoure ses retrouvailles.

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Plus de 5 000 personnes ont assisté au concert© Photo Pierre-Alex Barcoïsbide

 

Elle ne manque pas le rappel de son amour de jeunesse dans un rare tintamarre. Renaud revient avec un pot-pourri repris à l'unisson et reprend ce fameux "Hexagone" que les fans gueulards de la première heure exigeaient depuis le début du concert. Comme d'hab.

 


Les musiciens sont pour beaucoup dans le succès de ce Phénix tour© Photo Pierre-Alex Barcoïsbide

 

Renaud à mi-chemin entre Daniel GuiLe sentiment global est positif, le concert fait chaud au cœur et on s'est presque habitué à ce nouveau chard et le pilier du bar des amis. Le dernier mot ira à notre voisine de gradin : "Le temps est assassin et emporte avec lui la voix de nos chanteurs. Mais on s'en fout, on passe un bon moment."

 

 

  Renaud