PARTAGER , C'EST RECEVOIR !
Bonjour à toutes et à tous,
Ci joint le texte écrit par Peio " PARTAGER LA FRATERNITÉ "
Des propositions intéressantes, des remerciements vraiment sincères aux
personnes présentes depuis le début de son cauchemar .Un remerciement aussi à
tous les " absents " .
Sa vision du futur, ses projets , toujours sans haine, sans violence, et
toujours dans le " beau ".
Merci à vous tous
Jean Bernard SERBIELLE - frère de
Pio-
PARTAGER LA FRATERNITÉ
Aujourd’hui, je me dois de vous le dire, est un grand jour. Non point seulement
parce que je me trouve ici, enfin libre ! D’une histoire rocambolesque qui
n’aurait jamais dû se produire dans ce pays de France autoproclamé parangon des
Droits de l’Homme, mais parce que, dans le contexte juridique actuel du scandale
d’OUTREAU, enfin ! dirai-je, enfin ! un Juge des Libertés et de la Détention a
utilisé sa conscience et son LIBRE-ARBITRE. Et ce, malgré les injonctions de la
Juge d’Instruction, Madame Marie-Antoinette HOUYVET, qui demandait pour la 5ème
fois, le renouvellement de mon mandat de dépôt pour, je cite : "les besoins de
l’enquête et le risque de trouble à l’ordre public occasionné par les faits
reprochés".
Je vous en remercie très vivement, Monsieur le Juge. Vous avez, dans votre
délibération motivé votre décision par le fait, entre autres, que "vous n’étiez
pas aux ordres de Madame HOUYVET" et je vous en sais gré. Votre décision grandit
la Justice que vous représentez.
Vous témoignez par cette décision de l’indispensable indépendance dont, à
l’avenir, les juges des Libertés et de la Détention devront faire preuve pour
lutter contre ce prurit pandémique amenant à l’incarcération préventive
systématique de nombreux prévenus "présumés innocents" qui n’ont rien à faire en
prison. Car, en France, bien souvent –trop souvent-, on incarcère d’abord, et on
cherche ensuite les preuves qui, a posteriori, justifieront votre détention.
Cela s’appelle de l’arbitraire.
Le débat en cours autour de l’affaire d’OUTREAU, Messieurs les Magistrats et
Responsables politiques, est extrêmement simple à résoudre. Je propose une
réforme, une seule : que les juges d’Instruction et le corps politique dans son
ensemble fassent un contrat de 1ère embauche de … 6 mois en entreprise, je veux
dire, … en PRISON (section isolement, mitard, chosification, humiliation, etc.
…). Je propose que l’on se retrouve à l’issue de ce stage, Mesdames et Messieurs
les juges d’Instruction, Magistrats et corps constitués, et que l’on mutualise
nos réflexions. Je suis persuadé que nous devrions sans trop perdre de temps en
conjectures, oraisons jaculatoires et création de commissions inutiles, arriver
à d’intéressantes conclusions. Si ma proposition vous agrée, faites-le moi
savoir dès que possible, et je serai ravi d’apporter ma modeste contribution au
débat.
Je voudrais, en ce jour de grâce, remercier tous les gens qui m’ont soutenu, qui
nous ont soutenu, ma famille et moi-même. Tous ceux qui, dès le départ et durant
ces 16 mois –quatre cents quatre vingt jours d’enfer, de combat, de souffrance
et d’ignominie- ne se sont pas débinés et ont répondu présent, toujours présent.
Sans hésiter ! Tous ceux pour qui le mot FRATERNITÉ avait, a, et aura encore et
toujours un sens dans ce Pays. Tous ceux pour qui le droit d’Asile, de
Tolérance, et d’accueil de l’AUTRE –même et surtout s’il ne pense pas comme vous
!- ne sont pas de vains mots. Tous ceux pour qui la Défense des Droits de
l’Homme et du Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes ne commencent pas en
Palestine, en Irak, ou en Colombie et comme par hasard, trop souvent, s’arrête à
la frontière de l’Hexagone.
Je remercie, au premier chef, ma famille. Mes parents, de qui j’ai appris ce
sens de l’accueil et de l’Hospitalité. Mon père qui, pendant la guerre, alors
qu’il était entré en résistance, fut blessé un certain jour de juin 1944 parce
qu’il ne s’était pas arrêté à un contrôle de l’Armée allemande. Blessé, laissé
pour mort dans un fossé, c’est grâce à des gens que je ne connais pas que j’ai
eu la CHANCE –je dis bien la CHANCE- de connaître … mon PÈRE. Et depuis, j’ai
toujours entendu chez moi que la porte se devait d’être toujours ouverte pour
celle ou celui qui avait faim, qui avait soif ou qui n’avait pas de gîte.
Alors, entendez bien ! Oïez, oïez, Mesdames et Messieurs les Dirigeants ! ! Si
nous sommes libres dans ce pays, c’est grâce à des gens comme mon Père. Vous,
vous l’avez oublié ! !
Moi, non ! Et c’est cette liberté là dont, précisément, j’ai fait usage.
Vous, c’est au nom de cette même liberté que vous m’avez condamné, sans preuves
à charges, à 16 mois d’incarcération, dont 7 à l’isolement.
7 mois à survivre comme un rat, comme un chien, comme un porc dans 7 m2. Je l’ai
écrit à Monsieur PERBEN –ce cher Ministre de l’Injustice ! ! : "N’eussent été
mes pratiques immodérées de la lecture et de l’écriture, ma vie en aurait été
réduite à des besoins que je ne saurais nommer ici".
Je remercie aussi ma MÈRE, Pierrette. Qui a eu le courage de venir à tous les
parloirs. Parce qu’elle aussi se sentait "en prison". Tu sais, maman, je
n’oublierai jamais ce que tu m’as dit, un jour, lors d’un parloir à la Maison
d’Arrêt de Moulins : "Quand je viens te voir, les jours où je reste à Moulins
dans l’attente du prochain parloir, je ne sors pas. Je reste enfermée … pour
être comme toi. Avec toi". Tu sais, Maman, cela s’appelle de l’empathie.
Souffrir, compatir, partager avec l’autre sa souffrance et ses espoirs.
Nous avions décidé de mener un combat sur deux fronts : juridique et médiatique.
Nous nous sommes donc battus. Tous ensemble. Unis comme les doigts d’une main.
Je remercie Jean-Bernard. Il paraît, mon frère, que nous avons rajeuni de 25
ans. Mais c’est donc 25 ans de plus à vivre, mon cher Jean-Bernard. Sache que je
n’oublierai jamais tout ce que tu as fait depuis que je t’ai nommé mon attaché
de presse particulier et producteur de spectacle. Tu as découvert ce monde
singulier de la communication et du 4ème pouvoir. C’est bien souvent –trop
souvent je le regrette ! !- un monde impitoyable, qui préfère se repaître des
rogatons nauséabonds des affaires à scandales plutôt que de défendre au moment
opportun des causes justes. Tu as su, mon frère, par ton talent ouvrir des
portes, convaincre, trouver des alliés. Fidèles. Sois en ici remercié !
Tendrement.
Je remercie Gérard et Jenofa. Aïe Jenofa !, ma sœur qui, un jour de parloir à
Angoulême, est tombée dans mes bras en pleurs et m’a chuchoté au creux de
l’oreille : "ils ne peuvent pas te faire ça, à toi ! !" Et oui, Jenofa ! à moi
et à tant d’autres, enfants de cette Terre vitamine, fils de la lune et du
soleil. Merci à toi aussi d’avoir été là. Tu m’as nourri de ton regard et de ton
sourire d’espoir à la Vie.
Merci aussi à Françoise, mon Amie. Catherine et Robert –mes managers et
compagnons de bohème dans ce voyage d’Artiste exigeant-. Merci pour votre regard
tutélaire et discret à la fois.
Merci encore à vous tous, soutiens de la 1ère heure : Noël Mamère, Didier
Borotra, Gérard Onesta, Alexandre Héraud –notre cousin !-, Renaud, Maxime Le
Forestier, Georges Moustaki, I Muvrini, Nadau, Tri Yann, Gilles Servat, Luis
Llach, Christian Laborde, Florence Delay, Mgr Molères, Jacques Gaillot –mon
frère dans l’Humain !-, Marc Legras, Isabelle Dhordain, Philippe de
cotebasque.net, Askatasuna et tous les AUTRES, en Pays Basque, en France, en
Espagne, Belgique, Angleterre, Italie, Suisse, Allemagne, Canada, USA et
ailleurs. J’ai su que vous étiez là. Vous m’avez fait signe. Votre chaleur, vos
messages manuscrits, dactylographiés ou radiophoniques pleins d’humour, d’Amour
et de tendresse m’ont été d’un précieux secours.
Ils m’ont permis de rester en haleine. J’ai guetté 16 mois durant,
quotidiennement, hebdomadairement, vos voix de l’extérieur, ces chiquenaudes au
non sens et à la douleur infamante.
Merci aussi à toi, Jean-François, mon avocat et ami de longue date. Tu le sais,
nous le savons, ce combat n’est pas terminé. Ce n’est qu’un armistice ! Je sais,
nous savons aujourd’hui que nous avons encore beaucoup à faire pour que, dans ce
pays, les juridictions d’exception soient mises au rancart.
Parce que dans une Démocratie véritable, on ne pourra jamais s’accommoder de
l’arbitraire ! Parce que dans une Démocratie, on se doit de respecter le droit
et le désir des peuples à
aller vers … eux-mêmes. Pour mieux aller … vers les Autres. Je ne suis, quant à
moi, qu’un simple humaniste. Un artiste. Un Démocrate –Fondamentalement ! Pas un
homme politique ! !
Et j’ai du mal à comprendre que, dans ce Pays Basque, des partis
démocrates-crétins pactisent avec le Diable. J’ai du mal à comprendre que, dans
le Parlement que nous administrons, l’on puisse concomitamment voter pour le
Droit des Basques à l’Autodétermination et, intra muros, interdire manu militari
un acteur politique important, au motif que nos adversaires l’ont condamné à
mort sous des prétextes fallacieux. La Tolérance, je le disais in supra, c’est
accueillir l’autre, même et surtout s’il ne pense pas comme nous.
J’en ai marre aussi de cette France qui ne supporte pas l’altérité, de cette
France arrogante, hautaine, royaucrate qui oscille constamment et tour à tour
entre la condescendance, l’obséquiosité … et la matraque. Nous sommes des
citoyens adultes et nous demandons à être respectés comme tels.
Notre avenir, il est à la non-violence. Active. "Les Armes et les Mots, c’est
pareil ! ça tue pareil !" disait Léo Ferré. Pour ma part, j’ai toujours cru à la
Force de la persuasion par la Beauté, un cri, une larme, un sourire ou une main
tendue à la Douleur que l’on tait.
Il nous appartient, aujourd’hui, à nous les Basques, d’apprendre à désobéir à ce
qui ne nous correspond plus.
Notre avenir est à la Liberté et à la Fraternité avec les autres humains et les
autres peuples également en marche. Également en haleine.
Nous sommes –ne l’oublions pas !- enfants de la Lune et du Soleil, et pétris de
notre mémoire, nous nous devons de rester curieux de demain.
Mon dernier regard, mon dernier sourire, mes derniers remerciements vont à vous,
mes amis journalistes, en Pays Basque, en région, au niveau national et
international, à vous tous, fidèles, curieux et profondément respectueux de
l’autre, à vous tous intrinsèquement convaincus du caractère prospectif de votre
passion et très soucieux de votre devoir d’informer en toute indépendance, à
vous tous qui avez su résister à cette foutue OMERTA ambiante dès lors qu’il
s’agit d’affaires touchant au prétendu terrorisme.
J’adresse enfin ! de gros et doux baisers à mes amis Artistes qui, dès le
départ, et aujourd’hui encore, se sont engagés à répondre présents par leur
coopération artistique. A toutes et à tous, je vous embrasse. Tendrement.
Nous avons donc décidé avec l’Association "Danse avec les ours" et avec tous
ceux qui voudront s’associer à cette dynamique strictement humanitaire de
poursuivre ce combat avec des mots et de la musique. Des concerts se tiendront
dans les semaines et les mois à venir, en Pays Basque, en France et ailleurs.
D’autres actions de sensibilisation également. L’Art au secours de la Liberté.
Du droit d’Asile. Contre l’Arbitraire. Pour l’arrêt des traitements infamants
(isolement, mitard, chosification, humiliation, etc.…).
Pour le rapprochement et contre la dispersion des prisonniers politiques.
L’Art pour tout simplement défendre et partager la FRATERNITÉ avec… tous les
Humains et avec … tous les Peuples.
Sans Ostracisme. Sans Violence. Avec Respect.
Je vous dis "A Bientôt !"
Mil esker. Merci.
Peio SERBIELLE
Association "Danse avec les ours"
Email :
assodanseaveclesours@yahoo.fr