Chanson...   Pour   Renaud
(Live)

Les P'tits Yeux -


J'cause au nom d'une génération
Façonnée dans une gueule de bois,
Qui a trouvé sous ton blouson
L'espièglerie qu'elle n'avait pas,
Derrière ton cuir, moi j'ai puisé
Dans ce cœur gros comme une bonbonne,
Un concentré d'humanité
Que t'as fait rimer comme personne;

Si j'me suis projeté dans le noir
Comme les rêveurs de mon espèce,
C'est bien le bleu de ton regard
Qui a embelli ma jeunesse;
J'ai croisé des Marchands d'Cailloux
Qui venaient prêcher la bonne parole
Mais ce sont les tiennes avant tout
Que je fredonnais à l'école...

Ton foulard c'est mon étendard, ton humanisme ma dynamo,
Si l'philanthrope avait un nom, peut-être s'appellerait-il Renaud!

T'en as bousculé des moutons,
T'en as fait sortir du troupeau,
Mais pour les rendre un peu moins cons,
Fallait quand même se lever tôt,
Les petites graines de liberté
Grandissent à l'ombre des poltrons,
C'est dans mon cœur ensoleillé
Qu'elles ont donné des rejetons;

Comme toi je pisserai sur les murs
De cet hexagone répulsif
Mais l'roi des cons a la dent dure
Et serre toujours fort son canif,
Il met encore au pilori
Et l'étranger et l'inconnu,
Les Charognards n'ont pas vieilli
Et la stupidité non plus...

Ton foulard c'est mon étendard, ton humanisme ma dynamo,
Si l'indigné avait un nom, peut-être s'appellerait-il Renaud!

Moi pour faire pleurer mes gonzesses
Je me suis vu chanter la tienne,
Manu, Pierrot et leur tendresse
M'ont dispensé de bien des peines;
Je te dois quelques nuits d'amour,
De quoi crier à l'imposture,
Peut-être même à un détour-nement
De passion pure et dure;

Si ton argot a su faire tic
Dans l'esprit de mes bohémiennes,
C'est qu'tu l'as rendu poétique
Toi l’hypnotiseur de sirènes,
Chanter les femmes par dévotion,
C'est l'art du génie populaire,
Toutes les frangines te le rendront,
A part bien sûr Madame Thatcher !

Ton foulard c'est mon étendard, ton humanisme ma dynamo,
Si l'romantique avait un nom, peut-être s'appellerait-il Renaud!

Réinventer des vies nouvelles
Pour nos enfants ou pour nos frères,
Certains s'y sont brûlés les ailes,
Toi tu t'es noyé dans ton verre ;
Les belles illusions abandonnent
Même les plus fines des grandes gueules,
Dans le sillage d'une P'tite Conne
Tu as dû souvent te sentir seul;

Mais si je t'ai donné quitus
Pour embrasser tous mes espoirs,
C'est qu'tu représentais bien plus
Qu'un simple chanteur rouge et noir,
Ton amour des arbres, des oiseaux
Face aux belliqueux demeurés,
M'a élevé presque aussi haut
Que les fruits de ton Oranger...

Ton foulard c'est mon étendard, ton humanisme ma dynamo,
Si l'utopique avait un nom, peut-être s'appellerait-il Renaud!

Toi l'éternel Rouge-Gorge,
Toi l'Amoureux De Paname,
Toi qui n'as plus de sucre d'orge
Pour adoucir ton vague à l'âme,
La nostalgie t'a fait marron
Au devant des Mistrals Gagnants
Mais nom de dieu que c'était bon
Avec toi d'remonter le temps;

J'cause au nom d'une génération
Façonnée dans une gueule de bois
Qui a trouvé derrière ton nom
Toutes les vertus qu'elle n'avait pas,
Moi j'me suis fait un peu fleur bleue
Loin des fétichistes abrutis
Pour te chanter Renaud mon vieux,
Le juste sens du mot «Merci!»
 

Renaud