La teigne de Renaud
L'avait choisi
d'êtr' toréro
Le rest' c'est des salades
Obnubilé par son égo,
Il frimait comme un gros malade.
L'était pas bien gros l'saligot
Mais il se donnait de la peine
Pour plaire aux aficionados,
Aux spectateurs qui, dans l'arène, aim' que ça
saigne.
Il avait pas
commencé vieux
Et avec insistance
Il s'entrainait avec sérieux
Pour impressionner l'assistance.
D'ailleurs on lisait dans ses yeux
Son but, il fallait qu'il l'atteigne.
Il voulait êtr' le roi de ceux
Qui le dimanche dans les arènes, aim' que ça
saigne
Avec soin et
application
'L'accomplissait sa tâche.
'voulait forcer l'admiration,
Qu'on applaudisse son panache.
Il respectait la tradition
Mais affinait sa mise en scène
Pour mieux fair' monter la tension
Chez ceux qui, autour de l'arène, aim' que ça
saigne.
L'avait pas fêté la
trentaine
Qu'un beau jour de septembre
Il s'est fait encorné à l'aine,
Piétiné et broyé les membres.
Il y a ni bon dieu ni saint' vierge
Pour l'accueillir à leur enseigne
Pas la pein' de brûler un cierge
Pour que sans souffrir il s'éteigne, faut pas qu'y
s' plaigne.
Moi qu'ai toujours
trouvé hideux
Ce genr' de performance
J'peux pas dir'que sois malheureux
Qu'il meure dans de tell' circonstances.
Il faut qu'enfin les choses changent
Qu'on oublie la vieille rengaine
Des traditions cruelles étranges
Qui déshonorent la race humaine
Dans les arènes.
Dans les arènes.