Mais te barre pas, Renaud,
Ta p'tite gueule de moineau,
Ça va nous manquer trop,
J'ai déjà le cœur gros.
Tes textes doux-amers
Et tes mots revolver
Si pleins de tes colères,
Ne nous laisse pas béton,
Nous jette pas comme des cons,
C'est comme un abandon.
Les bobos du 13ème,
La môme du HLM
Et puis Germaine qui t'aime,
Ça va les rendre tristes,
Ne quitte pas la piste,
Reste avec nous l'artiste.
Si tu ranges ton flingue,
Ça va nous rendre dingues,
Nous trouer la carlingue.
Faut pas que tu te casses,
Je sais, quoique l'on fasse,
La vie est dégueulasse.
Les jours où t'en as marre,
La tête dans le coltar,
Tu largues les amarres.
Quand tu te prends une toile,
Tu veux mettre les voiles,
Le cap vers les étoiles.
Tes tournées dans les bars,
Ton goût pour le Ricard
Ont tourné au cauchemar.
Il paraît qu'tu vas mal,
Que c'est la loose totale,
Le désespoir léthal.
En chacun dort un animal,
Un loup ou parfois un chacal,
Toi c'est un renard déloyal.
Il te dévore les entrailles
Et peu importe où tu ailles,
Il reste là, vaille que vaille.
Remets ton p'tit blouson,
Refais-nous des chansons,
Des airs d'accordéon,
Qu'on puisse les écouter
Si tu veux nous quitter
Dans une vingtaine d'années.
Mais te barre pas, Renaud,
Ta p'tite gueule de moineau,
Ça va nous manquer trop,
J'ai déjà le cœur gros.