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Le 12 septembre 2016
Monsieur le Secrétaire Général de la Fédération Postale....
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Objet : suicides à la Poste
Monsieur le Secrétaire Général
Nous sommes des collègues postiers, actifs et retraités.
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Nous sommes révoltés par les nombreux suicides de postiers intervenus ces
dernières années et nous avons décidé de nous adresser à l’ensemble des
Organisations Syndicales de la Poste ainsi qu’à la presse, afin que tout
soit engagé pour que cessent ces drames.
Juillet 2016 :
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Charles, facteur à Pontarlier, âgé de 53 ans, s’est pendu à son domicile,
laissant une lettre à destination de la presse l, dans laquelle il accuse La
Poste de l’avoir « totalement détruit »
« Depuis trente-quatre ans, j’ai exercé mon métier avec l’amour de mon
travail et de mes clients. Mais, depuis quelques années, La Poste a petit à
petit détruit ses employés, les vrais postiers, ceux qui avaient le contact
avec les gens. En ce qui me concerne, ils m’ont totalement détruit. Depuis
décembre 2015, je suis en arrêt de travail et je souffre intérieurement le
martyre. Personne, ni de mes collègues ou de ma hiérarchie, n’a pris de mes
nouvelles. Alors bougeons avec La Poste et mourrons grâce à La Poste. »
Telles sont ses dernières pensées avant de passer à l’acte…
Il n’est pas difficile d’imaginer « l’arbre des causes »qui a conduit à ce
geste fatal.
Charles était un facteur attaché à son métier, las des restructurations, des
pressions commerciales, à tel point qu’il en tombe malade et se retrouve en
arrêt maladie, la suite des évènements, une « proposition » d’entrée dans un
dispositif de départ anticipé, mais à 53 ans et avec seulement 34 annuités,
autant dire une condamnation à une vie de misère…
Mai 2016 :
-- C’est une collègue de Saint Denis les Sens qui se donnait la mort, en
plein processus de réorganisation…
Octobre 2015 :
-- Un facteur de Rilly la Montagne, âgé de 52 ans se pendait à son domicile,
il avait confié à sa factrice qualité ses inquiétudes sur la mise en place
de la nouvelle réorganisation, ne se sentant pas capable d’assumer la charge
de travail de sa nouvelle tournée.
En janvier 2014 :
-- Une factrice du Lot, âgée de 57 ans, mère de deux enfants se jette dans
un lac en se rendant à son travail. Ses proches et ses collègues ont déclaré
qu’elle souffrait au travail.
En avril 2014 :
-- C’est Christian, facteur à Lens CDIS depuis 38 ans qui s’est donné la
mort. Considéré comme jovial et sans problème par ses collègues, Christian
était en arrêt de travail depuis janvier 2014, les nombreuses
réorganisations, les tensions quotidiennes ayant eu raison de sa santé. Il
devait reprendre le travail le 25 avril, mais n'en a pas eu le courage et
s’est suicidé ce même jour après avoir rédigé un courrier à sa Direction…
Dans ce cas précis, il est à noter qu’à l’époque des faits, 3 collègues
étaient en dépression depuis longue date et qu’un collègue était intervenu
avant le drame, auprès du Directeur d’Etablissement, afin d'expliquer le mal
être constant et les risques inhérents au mutisme de la Direction. C'était
peu de temps avant le geste de Christian. Ce courrier a été lu devant témoin
au Directeur d’établissement, Christian y était cité entre autre, comme
agent en totale souffrance...
Le 15 février 2013 :
-- Une jeune factrice de 21 ans, à Monistrol-sur-Loire, après avoir quitté,
en larmes, son poste de travail, épuisée après une double journée de travail
et une nuit sans sommeil, craignant de ne pouvoir faire face, s’est donné la
mort au domicile de ses parents…
Début 2012 :
-- Un cadre supérieur de la Poste se jetait du 5eme étage à Rennes pendant
son travail, un autre cadre en arrêt maladie est allé se pendre sur son lieu
de travail…
Ces quelques exemples, qui ont été médiatisés sont emblématiques, mais ils
ne représentent que la partie visible de l’iceberg.
Des dizaines de suicides de postiers sont intervenus ces 4 dernières années
et autant de tentatives de suicide, heureusement non abouties, mais qui
laissent des séquelles profondes pour les postiers concernés, leurs proches,
leurs collègues de travail.
Ces drames attestent que les cas de suicide d’agents et de cadres de la
Poste se poursuivent malgré un prétendu « grand dialogue » instauré par la
direction, censé apporter des réponses à une première vague de suicides,
mais qui se révèle en fait n’être qu’une opération de communication visant à
redorer une image écornée dans l’opinion publique.
L'évidence est là. Rien de ce que la poste a mis en place ces derniers mois
ne permet ni ne permettra d'endiguer la tendance des suicides.
La Direction de la Poste est dans le déni total et considère
systématiquement qu’il s’agit de drames personnels ou familiaux où la
dimension du travail serait inexistante ou marginale, dégageant toute
responsabilité de l’entreprise dans les suicides, malgré les faits attestant
du contraire…
L'heure n'est vraiment pas à tergiverser.
Oui, la responsabilité de l'entreprise est engagée. Il suffit de voir
comment elle conduit ses réorganisations: les seniors semblent de plus en
plus, au travers de multiples exemples être "ciblés", avec tournée supprimée
ou rallongée à l'excès. Le but de la manœuvre est limpide: chercher à
pousser vers la sortie (via le TPAS ou autres ) des factrices et facteurs
vieillissants à qui l'on a supprimé le droit de partir à 55 ans, et dont
l'entreprise sait qu'ils vont "représenter un coût important »…
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, après France Télécom, la
souffrance au travail des postiers perdure et s’accentue.
Comme à France Telecom, le management de La Poste est en cause, les
réorganisations se succèdent à un rythme effréné et engendrent des pertes de
repères voulues, le management par la peur devient le quotidien, l'humain
est nié sur l'autel de la productivité immédiate,
Il y a malheureusement fort à craindre que de nouveaux drames tragiques
succèdent à cette série déjà trop longue.
Tout cela doit être remis en question de manière radicale, pour marquer un
coup d’arrêt à ces suicides qui restent impunis.
Nous pensons que les organisations syndicales ont un rôle prépondérant à
jouer en ce sens.
Comme cela fut le cas pour France Télécom, nous pensons qu’il serait
opportun et urgent de constituer à la Poste un observatoire des suicides
regroupant l’ensemble des fédérations syndicales.
Nous pensons que, comme pour France Télécom, la demande de mise en examen de
la responsabilité de la Poste doit être envisagée.
Certains d’entre nous sont syndiqués, d’autres pas ; nous sommes conscients
des différences d’approche qui existent entre les différentes Organisations
syndicales et reconnaissons à chacune la liberté de mener ses actions
professionnelles comme elle l’entend, et nous sommes conscients que chaque
syndicat a ses propres calendriers et objectifs, mais au cas précis, sur ce
sujet brulant, nous considérons qu’il y a urgence et qu’il est indispensable
que les divergences soient mise de côté, car il s’agit ici, de freiner la
vague des suicides, de sauver des vies, et l’enjeu le mérite largement.
Nous souhaitons que vous puissiez nous apporter une réponse, même si vous ne
partagez pas notre démarche et vous informons que nous allons médiatiser
cette initiative, déterminés à tout mettre en œuvre à notre niveau pour
endiguer ce fléau des suicides à la Poste.
Veuillez croire en notre parfaite considération.
Les signataires :
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