Je savais que l'Auvergne est
un peu isolée, je savais que la Poste y rencontre quelques problèmes ( j'ai mes
sources ) mais 2 mois pour le CR de Cournon d'Auvergne ( Clermont Ferrand pour
les non-connaisseurs) ca fait beaucoup !!!
Mais en compensation, vous en aurez de la lecture:
c'est je pense le plus long CR de la Tournée et en plus dans la couleur chère à
Greenpuce ! !
Record donc à battre , car tous les records sont faits
pour être battu !
Mon 9 mars à Cournon d’Auvergne
09.03.2017 – Greenpuce
Des places achetées le jour même de l’ouverture de la
billetterie, soit 342 jours avant le concert …
Une chambre d’hôtel réservée en plein été 2016, soit 9
mois plus tôt (d’après la réceptionniste, on était les prem’s… de tous les fans
de Renaud, du monde entier
)…
Des jours de RTT difficilement arrachés à la signature
de ma hiérarchie dès le mois de janvier, soit 9 semaines avant …
Pas de doute, un concert de Renaud, en famille, et
loin de la maison, ça s’organise de longue date.
Mercredi 8 mars : Bandanas, t-shirts de la Tournée,
Briquets, … Tout est prêt. C’est parti, direction Renaud… Heu, non … Direction
l’Auvergne.
Ambiance de fous dans la voiture : les albums tournent
en boucle pendant tout le trajet et on chante tous en chœur. C’est la veille du
concert, on est heureux comme des gosses juste avant Noël. Et on est de vrais
gosses (juste 194 ans à nous trois).
428 km, 6 CD, 3 casse-croûtes et une prune plus tard,
on se pointe à l’hôtel (mais non, je rigole : on n’a pas pris de prune, les
radars n’étaient pas assez rapides pour pouvoir nous flasher
).
Jeudi 9 mars : Au loin, le soleil se couche sur la
chaîne des Puys. C’est super beau !
Juste à nos pieds, le Zénith d’Auvergne se dresse
devant nous, tout gris au milieu de ses immenses parkings. Je le trouve super
moche. Mais on s’en fout.
A l’intérieur, la fosse est encore vide et les gradins
se remplissent au compte-gouttes.
A partir de 19 heures, les spectateurs affluent et le
Zénith se remplit à vue d’œil.
Nous sympathisons illico avec les « jeunes » (30/35
ans) assis juste derrière nous et avec les « vieux »
(35/40 ans) assis juste devant.
Pendant que nous discutons joyeusement avec ceux de
devant, les gars de derrière s’amusent à choisir leurs prochains concerts en
pointant du doigt, une par une, les dates sur la liste imprimée dans le dos de
nos t-shirts.
Waouhhhh ! Arrêtez les mecs : ça chatouille !
La première partie :
Soudain, à 19h43 : la voix de Renaud annonce Gauvain.
Non, pas le neveu du Roi Arthur, tout droit sorti de
la Légende des Chevaliers de la Table Ronde, mais Gauvain Sers, le jeune et
talentueux auteur-compositeur-interprète, accompagné de son excellent
guitariste, Martial Bort.
Quelle première partie d’enfer pour un concert de
Renaud !
Nous les avions découverts, comme tout le monde, lors
des concerts de Paris, en octobre 2016, et c’est avec un réel plaisir que nous
les retrouvons en Auvergne.
Les deux compères démarrent sur « Pourvu », petite
chansonnette d’amour, pleine de fantaisie, du même style que celles appartenant
au répertoire de Benoît Dorémus.
Puis, Gauvain dégaine « Hénin-Beaumont ».
Pas de doute, lui aussi, sa plume est une arme de
poing… ça dégomme et ça percute !
Calquées sur l’actualité socio-politique, viennent
ensuite « Entre République et Nation » puis « Mon fils est parti au Djihad »,
qui nous glace le sang.
Après ces textes très durs, « Dans mes poches » arrive
à point pour détendre l’atmosphère.
Bref, une première partie trop courte mais
sensationnelle !
Et le petit truc en plus qui fait vraiment plaisir,
c’est qu’à la fin de la soirée, Gauvain et Martial attendent le public sur un
petit stand improvisé, au fond du hall. Quelques mots échangés avec eux et on
repart avec un CD dédicacé. C’est vraiment sympa !
Le concert :
A 20h30 pétantes, par la magie des projections vidéo,
Renaud apparaît au fond d’un long tunnel et nous fait signe. Toute la salle
exulte.
Cinq secondes plus tard, l’homme est là, devant nous,
bien campé sur la scène et il attaque la soirée par l’incontournable « Toujours
Debout ». C’est un Zénith entier qui chante avec lui et il en sera ainsi jusqu’à
la fin du concert.
Galvanisé par l’accueil de ses fans, Renaud semble
retrouver le plaisir de la scène, discutant entre les chansons comme au bon
vieux temps, balançant quelques vannes ici ou là, quelques plaisanteries aussi,
racontant quelques anecdotes au fil de la soirée.
Très vite, il demande aux parents de lui envoyer les
gamins juste devant lui, entre la fosse et la scène, afin qu’ils puissent mieux
profiter du spectacle, malgré leur petite taille.
On le reconnaît bien, là, Renaud : toujours prêt à
tout pour les gosses !
Moi-même, haute comme 3 pommes malgré mes putains de
premiers cheveux blancs, j’ai bien failli céder à la tentation de rejoindre les
enfants. Planquée entre les minots, vue ma stature de Schtroumpfette, il ne
m’aurait pas repérée.
Coté concert, je ne pourrai pas vous offrir la
set-list car je n’ai rien noté de la soirée et je n’ai pas pris la moindre photo
non plus.
Comme d’habitude, j’ai préféré vivre l’instant « à
l’ancienne » : chanter en même temps que lui, applaudir de toutes mes forces et
faire briller la petite flamm.e de mon briquet le plus haut possible, pour que
ça fasse joli depuis la scène.
Mais j’ai pas fait gaffe dans le noir et j’me suis
cramé les doigts ...Aïe !
Tout au long de la soirée, certaines chansons sont
particulièrement mises en valeur par la projection simultanée d’un décor en fond
de scène. Résultat vraiment réussi pour « Héloïse », « Les mots », « La médaille
», … et carrément magnifique sur « Dès que le vent soufflera »… et plein
d’autres.
Sur la fin de la soirée, Renaud a joué à nous faire
peur : bien avant 22h, c’est après avoir salué la salle qu’il quitte la scène,
accompagné de ses musiciens. Mais pour ceux qui ont déjà assisté à plusieurs
concerts du Phénix Tour, la blague tombe à l’eau. On savait qu’il allait revenir
quelques minutes après pour le désormais traditionnel pot-pourri. Et dès qu’il
réapparait sur scène, tout le Zénith est debout pour l’accueillir à nouveau.
C’est toujours un réel plaisir d’accompagner Renaud
dans ce pot-pourri de fin de concert car pendant tous ces extraits de chansons,
il semble dopé par l’amour de ses fans.
Pas mal de titres se succèdent alors, dont certains
datant des années 70. Retrouver ces pépites musicales de notre jeunesse est un
vrai régal et on chante à fond avec lui, comme des mômes. Qu’est-ce qu’on est
bien, tous ensemble !
Le concert dure déjà depuis 2h20… 2h20 d’osmose totale
entre l’Artiste et le public.
Soudain, comme le bouquet final des feux d’artifice de
notre enfance, et toujours grâce à la magie des projections vidéo, Renaud se
métamorphose en un beau phénix, qui jaillissant d’une boule de feu, s’envole
vers l’horizon.
Effets spéciaux fabuleux qui me laissent en
apesanteur.
Mais, pour en revenir au concert, au-delà des chansons
présentées, c‘est l’ambiance de la soirée qui m’a beaucoup marquée.
Un peu comme des retrouvailles attendues de longue
date par un artiste sensible et terriblement humain d’une part, et par un public
fidèle et complice de son idole, d’autre part, ce concert m’est apparu comme une
belle soirée, placée sous les signes du partage et de l’émotion.
Renaud, encore plus fraternel et humain :
Renaud, incisif, drôle, ou fragile selon les moments,
nous a offert les titres marquants de ses 40 ans de carrière en y intercalant
les meilleurs morceaux de son dernier album.
Dès le début du concert, il annonce franchement la
couleur en nous prévenant que sa voix est pourrie mais qu’il donnera le maximum.
De toute façon, inutile qu’il s’angoisse, puisqu’il
dispose de 7500 choristes d’un soir, prêts à l’accompagner sur chaque titre, de
« Docteur Renaud, Mister Renard », à « Manhattan Kaboul » », en passant par «
C’est mon dernier bal », ou « J’ai embrassé un flic ».
La grande complicité entre le public et l’Artiste a
toujours été la caractéristique des concerts de Renaud ! A travers ses textes,
au fil des années, il a su transmettre ses valeurs de tolérance et de
fraternité. Serait-ce ainsi qu’il a conquis son public ?
Et puis, comment ne pas avoir envie d’être complice
d’un artiste aussi franc avec ses fans ?
Dès son grand retour en 2016, il a avoué ses problèmes
de voix, avec simplicité, sans mentir. Il n’a jamais caché non plus les
difficultés à se libérer de ses addictions, de même qu’il a toujours assumé ses
propres contradictions.
Bref, Renaud ne triche pas et cette franchise le rend
encore plus bouleversant, encore plus attachant.
Un bel exemple de cette franchise nous fut donné
quand, aux deux-tiers du concert, il entama « Fatigué » mais se planta dans le
1er couplet.
Au lieu de se rattraper maladroitement aux branches,
en se planquant derrière la musique, il stoppa net sa chanson, avouant
humblement son erreur et enchaîna aussitôt sur un autre titre, en s’excusant.
Un trou de mémoire soudain en début de strophe est une
faiblesse qui arrive à tout le monde, c’est pas grave. Et un petit plantage,
ben, finalement, ça fait partie du concert, c’est humain, tout simplement. Seuls
les robots hyper-programmés ne se trompent jamais et heureusement, Renaud n’est
pas un robot !
La fidélité indéfectible d’un public
multigénérationnel :
Parfois, lorsque les médias interrogent Renaud sur la
grande fidélité de son public, ce dernier répond : « ça me touche infiniment ».
Mais si l’on se place du côté du public, qu’est ce qui
touche infiniment les fans au point de retourner l’applaudir 10 ans, 20 ans, 30
ans après l’avoir découvert sur scène ?
Outre la qualité littéraire de ses textes et la beauté
de ses mélodies, c’est peut-être sa personnalité ? Sa légendaire générosité, et
la sincérité de ses engagements font sans doute de lui, aux yeux de ses fans, un
mec bien. Sans oublier que depuis 40 ans, le public est également touché par sa
profonde sensibilité.
Personnellement, une qualité qui m’a beaucoup émue
chez Renaud, pendant ce « Phénix Tour », c’est son courage. Car je crois qu’il
faut être sacrément courageux pour aller chercher au fond de soi la motivation
et l’énergie de remonter sur scène après autant d’années de galère. Moi, je n’en
aurais pas été capable. Et non seulement, il trouve la force de reprendre une
carrière accidentellement interrompue il y a près de 10 ans, mais une fois face
au public, il a le cran de manier l’autodérision comme personne.
Et ça, c’est très fort !
Quant aux détracteurs critiquant à tout va le bonhomme
pour lui reprocher d’avoir abandonné ses idéaux d’antan, d’avoir trahi ses
premières convictions et de ne plus être le « Renaud d’avant », peut être font
ils partie des personnes figées à tout jamais, qui n’évoluent pas en
vieillissant.
Personnellement, les seuls artistes de ma connaissance
qui ne changent jamais d’opinion, ni d’attitude ou de style, habitent au Musée
Grévin ! Et heureusement, Renaud n’a pas encore été changé en statue de cire
.
Ce 9 mars, j’ai vu un public merveilleux car très
réactif au fil des chansons : Tout un Zénith ému sur « Hyper Casher » puis
complètement déchainé sur « Dès que le vent soufflera ».
Mais surtout, j’ai observé la salle, juste avant le
concert. J’y ai vu un public multigénérationnel (comme à chacun des concerts
auxquels j’ai pu assister).
Autour de moi, une grande majorité de fans de la
première heure, la quarantaine bien tassée, des ados, pas mal de gamins de 8 /12
ans, et aussi quelques personnes un peu plus voutées, aux cheveux tout blancs.
Ce soir, j’ai été touchée par une mamie, sans doute
très âgée, peut-être 90 ou 95 ans, gravissant l’escalier avec de grandes
difficultés. Et c’est soutenue physiquement par le personnel du service de
sécurité qu’elle a réussi à aller s’assoir…
Et puis, en plein concert, un bambin surgit sur le
côté des gradins, apparemment complètement paumé. Dur, dur d’aller faire pipi
tout seul, à 4 ou 5 ans, dans un Zénith plongé dans l’obscurité ! Un spectateur
se lève aussitôt, le prend en charge et va vite le remettre à sa maman.
Très touchée également quand, juste à la fin du
pot-pourri, j’aperçois dans la pénombre un vieux monsieur qui s’aventure,
chancelant, vers la sortie. Sur son épaule, un concentrateur d’oxygène en
bandoulière se balance au rythme de ses pas hésitants. Ce vieil homme, en
insuffisance respiratoire, a certainement dû déployer beaucoup d’énergie pour
venir applaudir Renaud. Et mieux vaut qu’il évite le mouvement de foule quand le
Zénith va se vider, quitte à rater la dernière chanson.
En conclusion, le concert de Cournon d’Auvergne m’a
rassurée : malgré sa voix usée, malgré la fatigue physique qui pointe le bout de
son nez en fin de concert, Renaud « continue d’chanter » … Toujours vivant,
toujours la banane, toujours debout …
Et tant qu’il sera sur scène pour nous, je serai dans
la salle pour lui, parole de Greenpuce.
Bravo et surtout MERCI Renaud !
RETOUR CLERMONT
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