7 mars 2008 

 

 A lire également  sur  cette page:

    -2Coup de fil de Lui !

    -3Sur mon Répondeur...

    -4Le Télégramme

    -5Pas de panique....

    -6Bad news but always hope ! (lien)

 

 

Une vague impression de mal être .....

....ou une satisfaction coupable ?

 

 

         Une étrange rencontre, furtive, brève mais intense !

        Dans ce bus, stoppé au Terminus, dans l’attente du prochain départ, peu de monde, mais LUI !

LUI c’est un peu mon image à MOI que j’ai revu l’espace du court trajet que devait durer notre chemin commun.

LUI, jeune encore mais làs sur un visage marqué par l’alcool,  les yeux vitreux, la parole facile mais incontrôlée, l’équilibre plus que tangente, LUI qui  tente de trouver une place et  s’avachit sur un siège (je dirai même qu’il s’en empare de deux !) au grand dam d’une  Mémé qui ne dit pourtant rien.

 

        Vous aurez compris que LUI se trouve dans un état  avancé d’imprégnation alcoolique(comme disent les rapports de Police)   ou comme on dit par chez nous : Il est bien « fatigué »  Il est même complètement empégué ! »

 

        Je choisis de rester debout dans le bus et….je l’observe, comme hypnotisé !

 

 

         Et d’un seul coup, je me surprends à faire un bref flash-back (comme on dit dans les milieux cinématographiques.)

Je me surprends à me revoir, assis comme LUI, mais parlais-je comme LUI, a essayé de trouver mon équilibre, à lutter contre cet ensommeillement qui vous prend sous alcool, à poser sur le monde extérieur des yeux, vitreux,  la bouche ouverte, à la recherche d’air frais…..

Et je rougis très certainement de honte  rétrospectivement en pensant qu’il y a quelques années maintenant 7ans et demi pour être précis, étai-je s ainsi perçu par les voyageurs du bus ou d’un métro qui me ramenait ivre chez moi ?

 

        Autour de moi, tout comme moi, les regards se portaient sur LUI qui en était dans sa phase de grande discussion avec tout le monde mais dans son monde à lui ! Rigolos parfois les discussions sous alcool  d’aucun souriant à ses paroles décousues, l’air entendu : «Pôvre garçon quand même ! Regardez dans quel état il s’est mit ! »

 

        Et puis, tout aussi soudainement, LUI rentre dans sa période «  agitée et agressif ». Il commence à importuner quelques jeunes filles, d’abord gentiment puis plus méchamment !

Les propos des autres voyageurs deviennent plus acerbes envers LUI, envers l’alcool !

 

        C’est à ce moment là que, me remémorant les « outils «  que l’on m’avait donné en cure, je décidais d’intervenir.

Nos regards se croisent, il sait, que j’ai reconnu en LUI un frère de misère, un esclave de l’alcool ! Comment  le sait-il, Cet étrange regard qui fait qu’un Malade alcoolique reconnaît presque ineffablement, un  autre malade alcoolique ! (enfin, personnellement, je «reconnais » presque toujours un gars qui a des problèmes avec l’alcool). Pourquoi ? Comment ?? Mystère !!!

        Sans agressivité mais fermement, je lui demande de s’asseoir et je m’asseye à son coté !

Je m’occupe d’abord de le calmer, tranquillement et en douceur !

J’apprends qu’il est de mon quartier et que l’on doit descendre au même arrêt !

 Je me propose donc de le raccompagner chez lui car bien sûr il craint la réaction de son épouse !

Le bus stoppe ! Nous descendons ! Le chauffeur surveille dans son retro notre descente et me fait un petit signe de la main qui veut dire «  Bravos et Merci pour LUI ! »

 

        LUI, il commence, dans son …. à me raconter sa descente, la même histoire ou presque que chacun d’entre nous (Chômage, argent, famille, crédits.. copains, bistrot, alcool… divorce, vente appartement…  !)

Moi j’écoutais et  pensai : «Comment aider ce type ? »

 

        Et puis là le déclic !  J’ai toujours sur moi, la Lettre du Fiston comme un porte bonheur et un bouclier ! Pour  lui faire comprendre qu’au temps jadis j’étais comme lui et que j’ai réussi à m’en sortir quoi de plus naturel qu’utiliser cette lettre « à l’origine de mon déclic  et de ma décision d’arrêter»?

 

        Instants  magiques et baume au cœur !

        Je le voyais LUI se transformer, son visage montrant  la surprise puis l’étonnement, et enfin un sourire en coin en me rendant la lettre !

« Oui, mec, j’ai compris ton message !!!.... Mais dis-moi, tu as fais comment ? Tu t’es adressé à qui ? T’as vu un toubib ? Et patati et patata…. »

 

        Et j’ai compris que LUI, là, à cet instant avait pris une décision !

 

        Il m’a donné son adresse et son tél., On s’est donné rendez-vous pour mieux discuter de tout cela.

 

        Alors, impression de mal être pour  LUI ou une satisfaction coupable  pour MOI ?

 

                                                Affaire à suivre … (1)

 


 (1)Affaire suivie par Alain qui fait le commentaire suivant sur mon Blog My Space

  

Satisfaction "non coupable" on leur sauve peut être la vie...
Là il était en bus mais s'il prend sa bagnole dans l'avenir...
J'en ai décidé quelques uns avec mon propre exemple.
Ils me reconnaissent aussi et je reconnais leurs appels au secours... Bizarre hein?
Oui la spirale: les potes, le boulot pas marrant, les bringues, les soucis à la maison qui se multiplient parce qu'on arrive en retard pour "boire le dernier avant la route", la perte des repères et les incessants appels au secours que quelqu'un comme toi ou moi va finalement entendre.
Ce qui se passe après est du ressort du malade et de sa famille, ne culpabilise pas en cas d'échec et surtout laisse le boire au rendez vous, mais pose lui la question fatidique :"peux tu tenir 90 jours sans alcool?" Quand on est alcoolique on ne peut pas!
Mais établis un climat de confiance d'abord... Tu auras l'impression de t'entendre toi même à ce rendez vous ...alors ...tiens le coup car ça fait bizarre !
Nous avons cette inestimable faculté de ne pas être dégoutés par les alcooliques, servons nous en...
Bravo et bon courage, tu en rencontreras d'autres, tu ne pourras pas tous les aider mais parfois un regard suffit entre eux et nous, nous sommes pareils, juste abstinents !
Ne pas oublier que, se sortir de là, est équivalent au sevrage d'un drogué et que ça n'est pas facile loin de là ...

Amitiés

Alain le 15 mars 2008, 15:15

 


 

 

 

 Coup de fil de LUI  Jeudi 20 mars 21H00

 

 

Quand le téléphone  sert de liens pour apporter de bonnes nouvelles. Un coup de fil qui m'ôte cette " vague impression de mal être ...ou (de) satisfaction coupable" et qui me plonge par contre dans une simple satisfaction d'avoir réussi quelque chose de fort !

 

 

 

Les dialogues ci-dessous ne sont pas garantis. Ils sont le reflet des notes que j'ai pris au fur et à mesure ( sachant que j'avais l'intention de  donner  une  suite à cette rencontre), de ce qu'a pu  me restituer ma mémoire , enjoliver un petit peu par  ma plume  au service de ce script ! ( SVPat)
 

 

 

  

 

 

Allo? Le Gars  du Bus ? Ouai, c'est moi, le pochtron l'autre jour !!! Excuses moi de l'heure, mais vous m'avez dit que ce N° était  celui de votre ordi et que vous étiez presque tous les soirs présent devant l'écran.

Pour vous dire que je vous ai écouté , j'ai pas laissé trainer . J'ai été voir mon toubib et on a longuement parlé - j'ai même parlé de vous en disant les circonstances de notre rencontre et en mentionnant que c'est grâce à vous que j'entreprenais cette démarche.

                    - Non! C'est VOUS qui avez fait ce premier pas. Bravos ! C'est déjà le début de la fin

 

Faut vous dire aussi que j'ai pas pu rester 6 jours sans boire comme vous me l'aviez conseillé, mais j'ai quand même tenu plus de 4 jours1/2.

                    - Cela démontre ce que je vous disais: Vouloir ne suffit pas ! Il faut vaincre TOUS les tenants et aboutissants de cette Maladie .

 

Avant d'aller chez le toubib , je me suis permis une dernière ( pour la route comme on dit)

                    - Je crois que c'est un reflexe que nous avons  tous les anciens buveurs. Un moyen , je crois, de dire Adieu ou de  faire le deuil de l'alcool

 

Enfin, tout cela pour te dire  ( tu permets que je te tutoies?) , te dire que je vais certainement passer les mois de mai  et juin )en cure.

-Yeah! Chouette! Bravos .....

 

Le toubib que tu m'avais indiqué s'est renseigné auprès de l'Hôpital de...  par chance , il y aurait de  la place mais pas avant un mois.... ! Et j'ai préféré battre le fer tant qu'il est chaud!

                    -Ouais, t'as de la chance car il est souvent  plein comme Centre. C'est là où j'ai fait ma cure! Ils sont bien et compétant ! Et puis c'est pas loin ! Mais , pas de visites les premières semaines si je me souviens bien ! 

 

Il me faut aller voir un psy'  pour que je puisse être mis en Maladie tranquille et ensuite, je retourne voir le toubib et je  dois moi même téléphoner à l'Hôpital pour confirmer  les dates et mon choix de faire cette cure. Parait qu'ils responsabilisent ainsi les gars

- Oui c'est vrai ! Moi c'est l'Assistante sociale qui m'a fait téléphoner depuis son bureau.

 

 Au fait, j'en au parlé dans ma boite avec mes potes mais aussi le Patron - c'est une petite entreprise , on doit être une trentaine en tout- et bien, tout le monde semblait au courant de mon problème avec l'alcool... Le boss est genre " papa-poule". il m'a dit  : Soignez-vous et revenez -nous donc en forme ! J'ai dit que je me ferai certainement arrêter sur congés maladies, il m'a proposé de continuer par des jours de congés annuels si j'en avais besoin. Je verrai....

                    -Ben oui! Souvent on croit pouvoir cacher notre problème mais nos "alentours", comme nos proches , ne sont pas dupes. Ils n'osent souvent pas aborder ce problème  d'autant plus que nous nions souvent l'évidence. C'est le déni dont je t'ai parlé ! ...

 

En tout cas, tous m'ont encouragés  et trouvent  que je fais bien de vouloir me soigner .

                    -Oui, à la cure, on te dira aussi comment te comporter à ton retour dans la boite et éviter certaines situations que nous  appelons "à risques" , surtout les premiers temps. mais enfin, je veux pas te bourrer la tête...

 

Là, je dois partir quelques jours dans la famille, tu crois que je leur en parle?

-Perso, j'attendrai de revenir de cure pour en parler plus sereinement. Tu verras que tu auras d'autres arguments et une autre façon  de t'exprimer et de présenter les choses ...

-En tout ca, tu peux toujours s essayer d' éviter de tomber dans les "embuscades" propices durant ces Fêtes. Tu dis simplement que tu es sous médicaments et que tu ne peux pas boire d'alcool par exemple... c'est un petit  mensonge bien utile pour éviter les boulets qui veulent à tout prix que tu boives avec eux

 

Je tenais que ce soit vous, toi, qui soit informé de cette démarche car c'est un peu grâce à notre rencontre que cela va avoir lieu. Tiens pense aussi à remercier ton fiston qui ne me connait pas mais que j'ai pu "découvrir" grâce à sa lettre

- Merci.... mais c'est à toi à jouer maintenant et ce n'est pas un jeu auquel tu vas participer , mais une vraie bataille contre un ennemi sournois et implacable qui essaiera de profiter de la moindre de tes faiblesses. Allez, je veux pas t'affoler, t'auras le temps d'apprendre tout ça.

 

Bon ,  je te fais savoir quand je rentre à M.........et on se verra quand même un de ces jours ?

-Quand tu veux . Tu sais que je serai toujours là  et je te dis Merde par avance ! 

 

            Une 1/2 heure de discussion au téléphone! Putain ce que ca fait du bien!

C'est quoi cette aventure? C'est quand même dingue??  Ca va tellement vite, un peu comme moi .

Et là, ce que je ressens? Ben j'ai mon petit coeur d'artichaut qui bat le chamade et les yeux qui me piquent un peu aussi!

Je crois que j'ai désormais divorcé d'avec l'alcool et  je m'en suis fait un allié pour mieux le combattre.

C'est la première fois que j'arrive à coucher mes sentiemnts par  écrit et d'une  seule traite !

Bon, je vous le livre tel quel, trop émotionné pour pouvoir  faire mieux ....

Hier, j'ai pas pu m'endormir de suite avec la défaite à Carquefou, là, ca va être encore pire: je vais me prendre un cacheton !

 

21 mars 2008

 


 Sur mon Répondeur....

 

29 mars 2008

Simplement , peut-on LUI reprocher de n'avoir pas fait le deuil complet de l'alcool ?
Je crois que je vais plutôt l'encourager et LUI suggérer le divorce total avec la Veuve Noire (SVPat)

 

 


 

 J' ai remplacé le "vilain @mail" (reçu de Lui ) par un  "bon vieux télégramme" des Postes, Télégraphes et Téléphones (trafiqué par moi ) pour vous tenir au courant des dernières infos de LUI  ! 

 

 

Il semblerait donc que la décision soit prise et que la volonté d'aller en avant soit intacte !

 

        En re-lisant le Mail et en repensant à toute cette affaire, je me dis que la Nature Humaine est parfois bizarre et que les simples pantins que nous sommes dans l'Univers, suivent des chemins  étranges qui paraissent impénétrables. Tout cela me parait presque trop beau, trop irréel comme a dit quelqu'un, comme si je me trouvais au cœur d'un roman que quelqu'un prendrait plaisir à écrire et à compliquer !

        Qu'est-ce qui a fait qu'une rencontre aussi inattendue qu'improbable se transforme en un mini conte de fée dans lequel un Malade Alcoolique ( qui se soigne depuis près de 8 ans grâce à la seule médication conne; l'Abstinence !), un ex-buveur excessif, se   transforme en "Déclic" pour un inconnu qui se trouve être lui même en perdition dans sa relation avec l'alcool? 

        Comment  un simple regard ,une simple discussion de départ, une simple envie de " rendre service" ou un "élan du cœur" (?) peut se traduire par une envie de s'en sortir d'un gars qui n'y pensait sûrement pas il y a à peine un mois ? 

        Comment réagit l'esprit d'un alcoolique qui se mure pendant des années dans le "déni" et qui d'un seul coup, sur un évènement banal, prend conscience de son état et franchit le pas pour essayer de s'en sortir?  Quel est donc le secret et le mystère du " déclic" ?

        Si nous avions des réponses toutes faites, ne croyez-vous pas que nous aurions fait de Grands Pas pour la compréhension et le traitement de la Maladie Alcoolique ?

        Pour ma part, je n'arrive pas à expliquer tout cela. Mais ce que je sais , c'est que, parce que je suis TOUJOURS un Malade alcoolique , j'ai pu lire dans son regard à LUI cette souffrance qui cache un véritable appel que nous, alcooliques d'hier ou d'aujourd'hui, de toujours et à jamais, nous pouvons décrypter quand on croise les yeux d'un autre malade !   (SVPat)


18 mai 2008

 

 

Pas de panique....

 

 

Facile à dire  mais plus difficile à canaliser surtout quand demain c'est le Grand Jour pour LUI !

Je l'ai senti un peu crispé au tél. cet aprèm, mais j'ai aussi compris qu'il étais prêt à aller jusqu'au bout de son engagement !

Il a déjà cette intonation quand il parle de l'alcool qui dénote une volonté de vaincre.

Pour ma part, je me suis borné à essayer de lui enlever cette angoisse du lendemain et cette peur de "ne pas y arriver"

.Je lui ai expliqué que son combat été pour moi une expérience formidable et que , quoiqu'il arrive par la suite, nous serions, tous les deux, marqués à jamais.

Et puis, lâchement car je sentais ma gorge se nouer, j'ai prétexté de la visite pour abréger notre conversation, non sans lui avoir fait promettre de me téléphoner à sa première sortie.

Qui était le plus angoissé ????

 

 

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